Ce matin, je me suis encore réveillé très tard. La nuit a été longue pour moi, un sommeil qui semblait lointain, des réflexions oppressantes, et la chaleur presque insupportable.
Je me lève lentement, et comme à son habitude mon lit grince, ce tord, émet presque un grognement de soulagement. Puis, tout en ébouriffant mes cheveux encore statufiés par mon sommeil, je reste assis sur mon matelas. Il me faut ce long moment d'attente, une sorte de « près-lever » où mon corps semble soupeser tout ce qui le compose, comme si j'avais perdu un membre dans les ténèbres de mes rêves déjà oubliés. Je me tourne lentement vers mon réveil qui émet un sifflement timide, il est 14h30.
Ma chambre sent encore le réchauffé, une longue poussière vole dans les rayons du soleil qui perlent à travers mon volet. Je tente de me souvenir de ma nuit agitée, mes quelques rêves. Non, finalement rien ne me revient... A part la voix de mon frère, il semble m'avoir appelé du fond de la cuisine. Embrouillé dans mon sommeil je n'est pas compris, et me suis rendormi aussitôt.
Etrange sensation, comme quelque chose d'important, quelque chose qui a échoué au fond de mes tripes et qui les a presque retournés. Je l'oublie rapidement et me lève péniblement. J'enfile rapidement quelque chose, puis relève les volets de ma chambre. Un soleil radieux envahit ma chambre, ébranlant le dernier brouillard de fatigue. Peu à peu mes yeux s'habituent à la lumière. Aujourd'hui va être une magnifique journée, même si pour moi j'en ai déjà raté la moitié.
Enfin, c'est avec de grands projets pour l'après-midi que je descends précipitamment de ma chambre. Mais, au moment même où mon pied se pose sur le premier escalier, à nouveau ce nœud au niveau de l'estomac, ce vide dans mon ventre et cette sensation étrange. Croyant avoir oublié quelque chose je me retourne vers mon bureau. Il n'a jamais eu un semblant d'ordre dans ma chambre, encore moins sur mon bureau. De vielles cannettes se mélangeaient parfaitement aux feuilles noires d'écritures, qui elles-mêmes subissaient le poids de vieux trognons de pommes.
Puis je le distingue, comme un diamant au milieu du sable, il est là au-dessus du paquet. Sur la pochette est marqué en lettres d'Or « Thriller ». Un album maintes fois écouté presque épuisé. Et pourtant c'est toujours la même joie, la même fièvre, qui me prend lorsque le lecteur se met en route. Ses chansons, je l'ai connait toutes par cœur, ils ont bercé mon enfance... et continue encore. Dessus, Michael Jackson semble presque me sourire.
J'effectue une courte toilette, j'aurai tout le temps de prendre une douche par la suite, pour l'instant ce qu'il me faut c'est un bon café au lait, et surtout de savoir ce que m'a crié mon frère.
Je suis encore tout seul cette après-midi, ma mère n'est pas encore rentrée du travail. Machinalement, je verse du café dans mon bol, puis du lait, y plonge 4 sucres et met tout à chauffer au micro-onde. 1minute et demi et tout sera prêt, pendant ce temps je décide de surfer rapidement sur le net.
J'entre dans le salon et pianote sur le clavier de mon pc en veille. Les quelques mails que j'ai reçus ne sont pas très importants. Des pubs, des informations de mes différents comptes, bref, uniquement du superflus. C'est à ce moment qu'il se passe quelque chose de véritablement étrange, inexplicable. D'habitude, je laisse au journal de 20 h le soin de me raconter tout ce que le monde a subi durant la journée, mais là, inexplicablement, je décide d'aller le faire moi-même. Je clique deux fois sur YAHOO.FR, après un long moment la page s'affiche enfin.
La sensation revient, m'agresse le ventre, balance mes tripes aux oubliettes. Je me sens tout vide, comme incomplet, et l'étrange sensation que cela restera ainsi pour un long moment. Je me gratte les yeux, mais rien ne change. En lettres rouges, sur mon écran, une phrase presque illisible pour moi:
« MICHAEL JACKSON EST MORT »
Et tous me revient, la longue nuit que je venais de passer à me refaire l'intégral de ses Albums, bercé par ses mélodies que je connaissais par cœur. Puis la phrase que mon frère m'avait crié ce matin, la même qui s'affichait à présent devant mes yeux. Je n'entends pas les trois bips de mon micro-onde, m'indiquant que mon café est prêt, chauffé à blanc.
Finalement, ce n'est pas une belle journée. Je remonte doucement dans ma chambre, des souvenirs de mon enfance ressurgissent. Des souvenirs battit par la voix du KING OF POP. Je me rassois sur mon lit, il n'est pas encore le temps de se lever. Je m'empare du livre qui traînait négligemment au bord de mon lit: Stephen King. Je commence à lire quelques lignes, mais rien ne se passe, mon imagination ne prend pas. J'ai enfin trouvé, une fois encore le lecteur cd s'allume dans un bruit discret, projetant différentes lumières. C'était incontournable, de plus ce jour-là. Je ferme mes yeux, la chanson commence enfin. Je souris comme toutes les autres fois, et toutes les prochaines.
Encore une fois le CD de Michael Jackson tournera pendant plus d'une heure, toute la journée s'il le fallait.... Et peut-être pour l'éternité...
Dédicace royal pour le Roi de la Pop.